Paul-Loup Sulitzer : l’homme aux mille vies
16 11 2007http://www.dailymotion.com/video/k24BDO18a7dWG1JmAj
Paul-Loup Sulitzer : l’homme aux mille vies
Paul Loup Sulitzer naît le 22 juillet 1946 à Boulogne-Billancourt. Il perd son père à l’âge de dix ans. Une tragédie qui le marquera fortement. La perte de ce père adoré, ancien résistant et chef d’entreprise, le hantera longtemps et conditionnera sa vie future. C’est alors qu’il se languit dans la pension du lycée de Compiègne, qu’il décide de stopper ses ét udes et se tourne vers la vie active. Enchaînant les petits boulots, il crée à dix-sept ans un club de porte-clefs qui rencontre un grand succès.
Plus jeune P.-D.G. de France à vingt-et-un ans, il entre dans le Guiness book et tire parti de la « gadgetomania » qui déferle alors en France, en important divers gadgets du Moyen-Orient. Soucieux de réussir comme l’avait fait son père avant lui, il se lance ensuite dans l’immobilier avec le même bonheur. Assimilant rapidement les lois de la finance, il devient ensuite un expert et un consultant demandé, exerçant aussi bien en France qu’aux Etats-Unis et dans le monde.
L’auteur de best sellers
Sa carrière subit un nouveau tournant au début des années 80. Paul-Loup Sulitzer se tourne alors vers le monde littéraire et fait paraître Money (1980) qui devient un énorme succès. Suivent Cash (Prix du Livre de l’été 1981) et Fortune (1982)qui clôturent cette trilogie dont le héros lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Un nouveau genre littéraire est né, le thriller-financier (ou western-économique), et Paul-Loup Sulitzer en est l’inventeur. Le succès est au rendez-vous et Paul-Loup Sulitzer enfonce le clou en 1983 avec la parution du Roi vert (6 millions d’exemplaires vendus dans le monde) qui reste un de ses livres préférés et dont la portée autobiographique est là encore clairement affirmée.
Formidable communiquant, ayant compris très tôt l’intérêt de la publicité et du marketing littéraire, chaque sortie du nouveau « Sulitzer » est savamment orchestrée et devient un véritable évènement. Popov (1984), Hannah (1985), L’impératrice (1986), La femme pressée (1987), Kate (1988), Les routes de Pékin (1989),sont autant de best-sellers. Il reçoit en 1986 la médaille de l’Ordre National du Mérite et devient officier du même ordre.
En 1987, croyant tenir un scoop susceptible de briser son élan, Bernard Pivot révèle dans son émission « Apostrophes » que Paul-Loup Sulitzer n’écrirait pas ses livres. Un écrivain, Loup Durand est d’ailleurs présenté comme son « nègre ». La réussite de Paul-Loup Sulitzer dérange les milieux littéraires qui ont vu d’un mauvais œil son fulgurant succès. Le fait est que Paul-Loup Sulitzer travaille avec des collaborateurs, une recette qui fait son succès et qui explique le caractère fouillé et documenté de ses romans et dont il expliquera à plusieurs reprises le fonctionnement. Loup Durand (1933-1996), présenté comme son « nègre », niera d’ailleurs farouchement cette information.
Se diversifier
Le système qui a fait sa gloire perdure avec panache dans Tantzor puis dans Cartel (1990), une étude fouillée et documentée sur l’univers de la drogue et le blanchiment de l’argent sale. Les années 1991-1993 voient l’adaptation en bande dessinée de certains de ses plus grands succès, parmi lesquels Le roi vert et Hannah, superbe fresque mise en images par Franz.
Moneyest également adapté au cinéma en 1991 par un studio américain alors que Paul-Loup Sulitzer, Loup Durand et Alain Delon, participent à l’écriture du scénario de Dancing Machinede Gilles Béhat avec Alain Delon et Claude Brasseur. Diversifiant ses activités, il publie quelques essais marquants : Les Riches, Laissez-nous réussir, Crédit Lyonnais : cette banque vous doit des comptes.
Il est également l’auteur du Régime Sulitzer et des Dîners légers et gourmands de Paul-Loup Sulitzer. Deux ouvrages qui révèlent une autre facette de sa personnalité.
Il poursuit également ses travaux d’écrivains en s’attelant à de nouveaux sujets : l’Histoire avec Tête de diable (1995) ou le trafic d’organes avec Les Maîtres de la vie (1995).
Un nouveau départ
Toujours en lien avec les enjeux de notre temps, il publie Oriane ou la cinquième couleur (2000) qui traite de la corruption dans les milieux financiers, Le Président (2002), une politique-fiction basée sur les résultats de l’élection présidentielle de 2002, L’ange de Bagdad (2004)est consacré aux enjeux financiers et pétrolifères en Irak au lendemain de la seconde guerre en Irak, alors que L’Empire du Dragonparu en 2006 est consacré à l’affaire du textile chinois. En 2005 et 2006, il collabore avec Vladimir Colling pour la rédaction du Conglomérat (2005) et de L’Empire du Dragon (2006). Les années 2000 le voient revenir au style du thriller-financier qui a fait sa gloire.
Victime d’un grave coma diabétique et d’un accident cérébral en 2002, la vie lui offre une nouvelle chance. Cependant, ruiné par son coûteux divorce, marqué par ses ennuis de santé, mis en examen dans « l’affaire Falcone » et frappé par un redressement fiscal, Paul-Loup Sulitzer traverse une mauvaise passe mais n’est pas homme à se laisser abattre. Il lance en 2003 son magazine, « Savoir s’enrichir », et continue à écrire.
Tirant profit de ses épreuves et se tournant résolument vers l’avenir, Paul-Loup Sulitzer est un homme nouveau. Ayant vendu 45 millions de livres dans 43 pays du monde, il jouit toujours d’une grande popularité. Les épreuves de la vie lui ont ouvert les yeux.
Son succès est le fruit de son travail et d’idées novatrices. Auteur toujours en phase avec son époque, son succès s’explique par le décryptage de l’actualité qu’offrent souvent ses romans et par les qualités littéraires de ses écrits. Quoi qu’il advienne à présent, Paul-Loup Sulitzer est l’homme aux mille vies.
Yannick Boutot
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